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  • Photo du rédacteurPierre RAFFANEL

Musée Basque / Léon BONNAT, peintre il y a cent ans

Dernière mise à jour : 3 avr. 2023

Post de Pierre Raffanel - août 2022

pour la revue Post'Art 9 - La Société Artistique

J’ai découvert avec ravissement le 7 juillet, veille de l’ouverture, l’exposition évènement consacrée à Léon Bonnat pour marquer le centenaire de sa mort et rendre hommage à cet artiste – peintre, graveur, collectionneur, professeur- qui légua à sa cité natale, Bayonne, une collection d’œuvres d’art parmi les plus estimées de France dont un ensemble conséquent d’œuvres de Bonnat lui-même. Le Ministère de la Culture a même "estampillé" cette manifestation qui dure six mois, du label exposition d’intérêt général.

Sabine Cazenave, Directrice du Musée Basque et commissaire de cette exposition nous confie que " c’est la première fois qu’autant d’œuvres de Léon Bonnat sont réunies et que ce fût une gageure car les espaces de cette maison du début XVIIe – le Musée Basque - ne sont pas forcément adaptés à des œuvres de grands formats." Pas moins de 84 œuvres, issues des collections du Musée Bonnat-Helleu de la ville de Bayonne et d’autres prêtées par les Musée du Louvre, d’Orsay, du Petit Palais, du Château de Versailles…et de collections privées.

L’exposition retrace chronologiquement la riche carrière de l’artiste, montrant l’évolution de son style, la diversité de ses influences et la pluralité de ses thématiques, des premiers succès de peintre d’histoire à ses oeuvres orientalistes, sa production paysagiste et ses grands décors. Mais surtout, ce qui l’a rendu célèbre et lui a ouvert les portes de l’Académie : ses portraits. Portraitiste de personnalités des Arts, des Sciences et de la Politique comme Louis Pasteur, Dominique Ingres, Léon Gambetta, Jules Ferry, Ernest Renan, Henri Germain, Emile Loubet, Aramand Fallières ou Adolphe Thiers… Son tableau le plus célèbre, nous le connaissons tous ! Nous l’avons observé sur les bancs d’école, dans un magazine et pourtant, souvent nous ignorons que cette œuvre est de Léon Bonnat : le portrait de Victor Hugo, d’ailleurs frontispice de l’affiche, peint seulement avec du blanc et un dégradé de brun. Cette attention portée sur le travail de la matière, de la lumière et un fond souvent sombre se retrouve sur nombre de ces œuvres. Cette exposition permet sans nul doute de réhabiliter cet artiste en montrant toute l’étendue et la multiplicité de son talent. Benjamin Couilleux, Directeur du Musée Bonnat-Helleu et commissaire de cette exposition nous dit : "Trop injustement et longtemps oublié, ce peintre mérite largement d’être reconnu ! Egalement bienfaiteur, il a énormément contribué au rayonnement culturel bayonnais."


Né en 1933 à Bayonne, Léon Bonnat s’établira à Madrid avec son père et suivra de 1846 à 1853 sa première formation à l'atelier de Federico et José Madrazo à la Real Academia de Bella Artes de San Fernando. Revenu dans sa ville natale suite au décès de son père, il partira grâce à une bourse de la ville de Bayonne à Paris en 1854 pour parfaire son apprentissage dans l'atelier de Léon Cogniet à l'école des Beaux-Arts.

Ces séjours permettront au jeune artiste de forger son style vigoureusement réaliste, nourri par la tradition de la peinture française comme espagnole. En témoigne ce premier Autoportrait (1855), une huile sur toile marouflée sur bois présentant un Léon Bonnat jeune, beau garçon, loin des standards de l'époque. Une oeuvre déjà résolument moderne et très "ressemblante". Presque à l'égale d'une photographie !

En 1857, au Prix de Rome, sa "Résurrection de Lazare" ne lui valut qu'un deuxième prix mais une aide financière de Bayonne lui permettra de séjourner trois années en Italie dans la ville aux sept collines. Le peintre gardera durant toute sa vie des liens très étroits avec sa ville natale. "C'est un homme qui tout au long de sa carrière, y compris au moment de sa plus grande gloire parisienne, n'a jamais oublié d'où il venait. Il revenait fréquemment à Bayonne mais aussi à Saint-Jean-de Luz." dixit le Maire de Bayonne, Jean René Etchegaray.

Les décennies 1860-1870 verront l'artiste progressivement s'imposer sur la scène parisienne, il expose au Salon de grandes compositions religieuses frappantes par leur mélange de naturalisme et de théâtralité, tout en s'inscrivant dans la tradition des maîtres du passé par leurs inflexions renaissantes et baroques. Son tableau "Le Christ en croix", commande de l'Etat en 1874, à l'époque d'un impressionisme naissant, provoque un scandale par son "cruel réalisme" : cette oeuvre majeure marquera un tournant qui sera considéré comme naturaliste.Dans les années 1870, l’atelier de son hôtel particulier verra défiler hommes politiques les plus en vue, artistes, écrivains, actrices célèbres tels Victor Hugo, le cardinal Lavigerie, le duc d’Aumale, auxquels s’ajoutent la jet set américaine (Astor, Vanderbilt...), le cercle des familles israélites et moultes personnalités aisées à l’instar de « Madame Pasca » (1874).

Devenu riche et célèbre, le peintre et maître acquiert une collection extraordinaire de chefs-d’œuvre composée d’esquisses de Rubens, de dessins de Léonard de Vinci, de Raphaël et de Michel Ange…et deviendra un collectionneur d’art français de haut rang. Nommé Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 14 octobre 1900, Bonnat dirige les Musées nationaux jusqu’à sa mort. Nommé directeur de l’école des Beaux-Arts de Paris en 1905, ce grand admirateur de Diego Velasquez enseignera toute sa carrière à de nombreux élèves français et étrangers : citons Henri de Toulouse-Lautrec, Thomas Eakins ou Raoul Dufy…mais également à des jeunes talents originaires de Bayonne et du Pays Basque. Le rôle de Bonnat s’avèrera essentiel pour l’émergence, à la fin du XIXe , d’une véritable école picturale bayonnaise. La plupart des artistes s’illustreront à leurs débuts dans des sujets historiques et prendront toutefois une voix singulière, sans renier l’héritage du maître. Seule femme du groupe, Marie Garay sera très attachée à l’identité culturelle de sa région natale.

À son décès en 1922 à Monchy-Saint-Éloi et sans descendance, Léon Bonnat se souviendra des aides octroyées naguère par sa ville natale et lui léguera sa collection exceptionnelle.

Célèbre et célébré de son vivant, Léon Bonnat se verra injustement éclipsé par les courants modernes du début du XXe comme l’expressionnisme, le cubisme, le surréalisme. Pourtant, ses portraits devenus pour certains iconiques, son style complexe nourri par les maître anciens et sa fidélité à un naturalisme singulier en font l’un des maîtres les plus originaux de l’art français de la IIIe République.


Légendes photos :

©Musée Basque - Photo Pierre Raffanel

©Léon Bonnat (1833–1922). Autoportrait. 1855, huile sur toile marouflée sur bois, Paris, Musée d’Orsay.

©Madame Pasca. 1874, huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay.

©Pays Basque en 1898 - Léon Bonnat - Paris, Musée d'Orsay - dépôt Musée Basque et de l'histoire de Bayonne

©Photos Pierre Raffanel : Benjamin Couilleaux / Sabine Cazenave (vernissage)



A voir :

Le programme exhaustif de l’exposition : www.musee-basque.com


A paraître :

au mois d’août à la boutique du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne

Le catalogue de l’exposition « Léon Bonnat peintre (1833-1922) du Pays Basque

à Victor Hugo », Ed. Faton, sous la direction de Sabine Cazenave et Benjamin Couilleaux


à l’automne 2022

Le second volume du catalogue raisonné intitulé "Léon Bonnat - Au-delà des portraits" de Guy Saigne - Ed. Mare et Martin Arts, par bon de souscription.


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