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Poussant la porte du musée de La Poste

  • Photo du rédacteur: Pierre RAFFANEL
    Pierre RAFFANEL
  • il y a 1 jour
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 24 heures

Rencontre avec Guillaume Goy, directeur du Musée de La Poste, nouvellement nommé à la tête de cette institution le 6 janvier 2025.

Interview de Pierre Raffanel pour la revue Post'Art 229 - juin 2025

Guillaume GOY - directeur du musée de La Poste  ©2025 photo Patrick Lazic
Guillaume GOY - directeur du musée de La Poste ©2025 photo Patrick Lazic

Pierre Raffanel : Vous avez été tout à tour au sein du groupe La Poste, facteur, chargé de clientèle, conseiller financier, conseiller en patrimoine, directeur d’établissement,

directeur de territoire puis directeur de marché à la direction du réseau Outre-mer, pourquoi avoir choisi de vous orienter vers ce poste de directeur de musée ?

Guillaume Goy : De façon naturelle, c’est une continuité de ma carrière. Ce poste vient compléter mon parcours managérial au sein du groupe La Poste et me permet de retrouver les racines de mon cursus universitaire : DEA en littérature et médiation culturelle, diplôme en muséographie.

PR : Ce choix a-t-il dérouté vos collègues postiers ?

GG : Ce choix a surpris quelques collègues postiers qui ont une vision teintée d’une certaine forme de nostalgie de ce musée et même une méconnaissance de son existence et de ses actions culturelles. Je suis très content d’en être le directeur car c’est un lieu plein de vie, un espace de libre expression où nous avons une grande responsabilité vis-àvis de l’histoire postale, de l’Adn du groupe La Poste. Nos

actions futures vont tenter d’améliorer sa notoriété et la communication des projets à venir.

PR : Quelles sont vos motivations à renouer les liens avec les associations postales, les philatélistes, les collectionneurs ?

GG : Mes motivations sont multiples. Mon intention première est que ce musée soit attractif, qu’il soit une vitrine du groupe La Poste mais également de nos partenaires :

les collectionneurs, les postiers retraités, les artistes inspirés par l’environnement postal et bien sûr tout l’écosystème lié à la philatélie. Dans les années 70, le musée ne s’est-il pas appelé musée de la Philatélie ! En résumé, je souhaite que ce musée ait les portes grandes ouvertes à un public le plus large possible, qu’il soit un espace engagé pour la parité, l’inclusivité et la diversité.

PR : Rechercher de nouveaux partenariats pour le musée de La Poste est-il également une perspective envisageable ?

GG : Oui bien sûr, il est intéressant de capter de nouveaux partenariats mais, actuellement, nous allons d’abord réinstaller, stabiliser, pérenniser ceux déjà

existants depuis plusieurs années et les rendre concrets par le biais d’actions communes. Puis dans un deuxième temps, nous rechercherons des partenaires

pour insuffler de la nouveauté.

PR : Les territoires français dénombrent quelques 1200 musées de France, 600 musées de société et de très nombreux musées d’entreprise. Le musée de La Poste est-il le seul en France à détenir ces 3 appellations ?

GG : A ma connaissance, c’est la seule institution en France à détenir cette triple identité. Le fait d’aborder les expositions par ces trois prismes différents font de

ce musée sa singularité et son extrême richesse. Il véhicule l’évolution sociétale, l’histoire et les valeurs de La Poste sur plusieurs siècles au travers de ses collections

(plus d’un million de pièces philatéliques, historiques et artistiques).

PR : Le musée de La Poste est-il uniquement financé par le Groupe La Poste et bénéficiez-vous d’abattements fiscaux spécifiques liés aux activités culturelles

du Musée ?

GG : Le musée de La Poste fonctionne exclusivement grâce aux financements du groupe La Poste mais il serait intéressant de mener une réflexion pour ouvrir une possibilité éventuelle au mécénat.

PR : Quelles sont les prérogatives de l’appellation « musée de France » et celle-ci vous permet-elle d’être subventionné par le ministère de la culture ?

GG : Pas de subvention directe mais une attention particulière du ministère de la Culture. Nous bénéficions d’aides, de formations, d’accompagnements pour des

demandes de financements ou des montages de dossier : exemple, la future célébration du Bicentenaire de la photographie sous toutes ses formes et sur l’ensemble du territoire de septembre 2026 à septembre 2027.

PR : Le musée de La Poste est structuré en plusieurs directions (patrimoine et expositions, attractivité, service des publics, commerciale, secrétariat général). Ce

musée a-t-il un fonctionnement spécifique par rapport aux institutions similaires ?

GG : Depuis la création du musée de La Poste, sa structuration a évolué. A une époque, il y a eu une direction du développement. Peu ou prou, son fonctionnement est similaire à d’autres musées. Certains ont une direction de projets éditoriaux, une direction des privatisations et du mécénat…

    Exposition permanente « Des femmes, des hommes et des métiers » au niveau 3 ©2025 Musée de La Poste- photo Pierre Raffanel
Exposition permanente « Des femmes, des hommes et des métiers » au niveau 3 ©2025 Musée de La Poste- photo Pierre Raffanel

PR : Quelle place tient l’art contemporain au sein des collections permanentes de l’histoire postale, de la philatélie française ?

GG : Une place importante mais pas plus, pas moins que les collections historiques, que la photographie…L’art contemporain est présent à travers l’art postal et via les projets artistiques de la série artistique philatélique. En 1961, La Poste émet quatre timbres es artistes de renom : Braque, Matisse, Cézanne et La Fresnaye. A partir de 1974, il ne s’agit plus de reproduire sur un timbre une oeuvre existante mais de faire du

timbre-poste un support de création artistique : commande est faite à Joan Miró, puis ce seront Agam, Pierre Alechinsky, Jean Dewasne, Alfred Manessier…Une autre

dimension de l’art contemporain peut être liée aux propositions d’expositions avec un dialogue de nos collections historiques et des artistes invités tels Laurent Pernot,

Olga Kisseleva et ce, avec une juste mesure, car ce musée doit conserver son identité postale, celle de l’histoire de La Poste et de ses valeurs, de son évolution auprès

des Français depuis 600 ans, de ses innovations digitales, numériques…L’art contemporain doit venir en regard de cet univers postal, de ce patrimoine philatélique,

historique et artistique et ne doit pas être notre orientation principale.

PR : Justement, quel type de public fréquente le musée de La Poste ?

GG : Le musée de La Poste est un musée populaire, généraliste et nous avons prévu, prochainement une étude de nos publics. Cela nous permettra de réaliser une analyse factuelle de notre visitorat.

PR : Ce musée détient-il un fonds d’art contemporain d’artistes postiers ?

GG : Essentiellement de l’art posté et de l’art postal. A ma connaissance, nous n’avons que quelques oeuvres d’artistes postiers. Dans les années à venir, mon souhait serait d’avoir une attention particulière à verser dans les collections du musée quelques réalisations qualitatives et respectant les exigences de valorisation patrimoniale.

PR : Vous avez à coeur de mettre en valeur les artistes postiers. Un Salon national organisé en partenariat avec la fédération La Société Artistique avait lieu jusqu’en

2013 dans la galerie du Messager (actuellement dénommée galerie des expositions temporaires). Voulez-vous renouveler cette expérience ou avez-vous d’autres projets ?

GG : Plusieurs projets importants sont en préparation : un premier en lien avec le monde philatélique et le deuxième serait effectivement d’inviter des artistes postiers

de manière le plus large possible à exposer dans certains espaces du musée de La Poste. Je suis convaincu que nous allons faire des découvertes incroyables

d’où l’idée d’organiser très prochainement un projet de mise en valeur d’une sélection d’artistes postiers.

PR : Parallèlement à votre carrière postale, vous vous êtes impliqué dans la vie locale comme Conseiller municipal, chargé de la culture et du patrimoine à Avon de 2014 à 2020 ? Qu’avez-vous retenu de cette expérience et avez-vous l’intention de la renouve-ler ?

GG : Ma priorité est le musée de La Poste et j’y consacre tout mon temps. L’expérience d’élu m’a permis de travailler en connexion avec des associations artistiques, des artistes, d’être commissaire d’expositions. J’ai également eu l’opportunité de créer une association dédiée à la préservation du patrimoine maraîcher.

PR : J’ai cru lire que vous avez été également engagé dans d’autres projets culturels ? lesquels ?

GG : J’ai été metteur en scène pendant 10 ans d’une troupe de comédies musicales qui organisait des spectacles vivants : au début des reprises (Starmania, Le Roi Soleil, les Misérables…), les trois dernières années, des créations en collaboration : dialogues, compositions musicales, costumes… Nous étions une troupe semiprofessionnelle

de 80 personnes, gérée par l’association Musiques et Spectacles en Montois : adolescents et adultes bénévoles, musiciens en live, ingénieurs et techniciens

du son, quelques interprètes professionnels et quelque cinq mille spectateurs dans une grande salle des fêtes de Montereau-Fault-Yonne. De mes 25 ans dans le domaine culturel, ce fut une de mes plus belles expériences.

PR : Avez-vous l’intention d’organiser des résidences d’artistes in situ, en complément des « Cartes blanches » du musée ?

GG : Oui pourquoi pas mais avec une temporalité et des modalités qui restent à définir. Le musée Jean-Jacques Henner en a fait l’expérience et cela a été plutôt probant en termes de visitorat et de notoriété.

Vue de l’exposition temporaire « La Fabrique du temps » (Commissaire d’exposition Céline Neveux et conseiller technique Etienne Klein). En premier plan photo à gauche, horloge électrique à 3 cadrans qui se trouvait dans les années 1920 à l’hôtel des Postes du Louvre © 2025 Musée de La Poste - photo Pierre Raffanel
Vue de l’exposition temporaire « La Fabrique du temps » (Commissaire d’exposition Céline Neveux et conseiller technique Etienne Klein). En premier plan photo à gauche, horloge électrique à 3 cadrans qui se trouvait dans les années 1920 à l’hôtel des Postes du Louvre © 2025 Musée de La Poste - photo Pierre Raffanel

PR : Pouvez-vous nous dire quelques mots de l’exposition temporaire en cours « La fabrique du Temps » ?

GG : C’est une exposition réussie, inspirante, qualitative. La commissaire Céline Neveux a réalisé un bon équilibre entre la valorisation de nos collections historiques : marcophilie, photographies et le dialogue avec des oeuvres contemporaines. Cette exposition est très appréciée des visiteurs, qui la trouvent esthétique, scientifique, interrogative.

PR : Quelle sera le thème de l’exposition temporaire en 2026 ?

GG : Elle débutera début avril 2026 et aura pour thème « le vêtement professionnel » comme miroir de nos identités, ce vêtement professionnel qui nous accompagne

au quotidien à La Poste et dans les grandes entreprises : Sncf, Ratp, la Gendarmerie…Seront également évoqués les liens du vêtement professionnel avec la mode. Cette exposition permettra de mettre en lumière notre magnifique collection de textiles, l’une

des plus quantitative et qualitative, à l’instar du Palais Galliera ou du musée de Bretagne.

PR : En 2026 quels évènements sont prévus pour l’anniversaire des 80 ans du Musée ?

GG : Surprise ! C’est encore un peu tôt pour dévoiler la programmation. Un travail de co-construction avec les équipes du musée est en cours. Il y aura certainement le 4 juin 2025, jour anniversaire du musée, un évènement spécifique et notre programmation habituelle sera ponctuée en 2026, aux couleurs des 80 ans du musée.

Façade du musée de la Poste agrémentée d’une oeuvre du sculpteur Robert Juvin composée de cinq panneaux décoratifs en béton moulé ©2019 Musée de La Poste - photo Thierry Debonnaire
Façade du musée de la Poste agrémentée d’une oeuvre du sculpteur Robert Juvin composée de cinq panneaux décoratifs en béton moulé ©2019 Musée de La Poste - photo Thierry Debonnaire

Le Musée de La Poste en quelques dates (musée d’entreprise, de société et musée de France)

1946 : ouverture du musée postal, consacré à l'histoire postale et à la philatélie française, à l’Hôtel de Choiseul-Praslin (hôtel particulier du

XVIIIe) dans le 6e arrondissement de Paris, propriété de la Caisse Nationale d’Epargne, qui va s’avérer trop petit pour abriter ses collections.

1966 : l’administration postale choisit comme nouveau lieu, le siège de la Compagnie Générale de Radiologie, 34 boulevard de Vaugirard.

Cet hôtel est détruit en 1970 et le nouveau musée de La Poste est construit à son emplacement

1973 : installation au 34 boulevard de Vaugirard 75015 Paris dans un bâtiment conçu par l’architecte André Chatelin (Premier Grand Prix

de Rome et architecte des PTT - courant emblématique de l’architecture de béton des années 1970 dite « brutaliste »). La façade est agrémentée

d’une oeuvre du sculpteur Robert Juvin composée de 5 panneaux décoratifs en béton moulé.

2015 à 2019 : travaux pour une entière restructuration par l’atelier Jung Architectures (Architecte : Frédéric Jung et scénographes : Claudine

Dreyfus et Isabelle Devin) et mise en valeur à l’intérieur du bâtiment de la structure alvéolaire des figures géométriques en relief du

sculpteur Robert Juvin pour qu’elles soient visibles « en creux » (2700 petits prismes évoquant la surface des timbres-poste gravés en tailledouce

comme vue au microscope).

23 novembre 2019 : réouverture et obtention de l’appellation « Musée de France » par le ministère de la Culture.

9 août 2022 : distinction « label Architecture contemporaine remarquable » délivrée par le ministère de la Culture.


Interview de Pierre Raffanel pour la revue Post'Art 229

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