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La céramiste Yolande MICHELON in situ

  • Photo du rédacteur: Pierre RAFFANEL
    Pierre RAFFANEL
  • 31 déc. 2023
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 janv. 2024

L' artiste Yolande Michelon en interview avec Pierre Raffanel ©2023 Photo Marie Bueno

L' artiste Yolande Michelon en interview avec Pierre Raffanel ©2023 Photo Marie Bueno


À peine arrivés dans cette charmante campagne icaunaise, nous sommes plongés illico dans les effluves de vernis et de térébenthine de l’atelier de Yolande et par l’enthousiasme contagieux de cette artiste.

Il y a presque 25 ans, Yolande est tombée « en amour » de la laque. Découverte au détour d’une promenade à Prémery dans la Nièvre, elle visite une exposition dans des anciens abattoirs, elle y découvre des paravents magnifiques : la laque fût une révélation quasi-instantanée ! Dès la semaine qui suivit, elle s’inscrivit aux cours de Lièn, laqueuse et n’eût de cesse depuis, que d’apprendre ce savoir-faire ancestral. L’apprentissage fût long et ce n’est qu’après plusieurs années de pratique qu’elle commença à maîtriser les techniques et procédés de la laque.

Mais revenons, au début de son histoire : elle naît à Paris, son père est alors menuisier-ébéniste mais sa mère souhaitant ouvrir un commerce, la famille déménage à Auxerre où Yolande y poursuivra ses études. Adolescente, elle se rêve décoratrice d’intérieur, mais son père de souche stéphanoise ne veut pas qu’elle aille à Paris pour ses études. Elle se fait alors embaucher au standard PTT. S’ensuivra une belle carrière à la Poste : dactylo à la Direction, puis secrétaire au service des Ressources Humaines. Ensuite, une antenne de documentation est créée, elle y organise les concours de facteurs et les recrutements, qui à l’époque étaient massifs ! Par la suite on lui proposera le poste de rédactrice du journal local postal Jourpost et deviendra responsable de communication.

Son apprentissage artistique se fera pendant ses années « postales »,  durant ses loisirs ; au début dans son garage puis viendra la construction de son atelier, attenant à sa maison.

À ses débuts, les matériaux indispensables à la fabrication de ses laques étant onéreux, Yolande pratique la porcelaine. Elle peint également des dessins sur bois, à base de caséine sur des armoires normandes…

Son inspiration, elle la puise dans son quotidien, elle est insatiable, fait feu de tout bois : vue de Paris par satellite, des aurores boréales, des yeux comme motifs pour une exposition dans une clinique ophtalmologique en Allemagne, des miroirs, des bouts d’ardoise…

Rien n’est aléatoire dans sa créativité : un dessin, un calque prédéterminent la composition de ses laques souvent abstraites…

La discipline de la laque est complexe par la diversité des supports utilisés (bois, fer, terre…), par les diverses techniques à maîtriser (savants dosages de mélange de vernis et térébenthine ou de pigments broyés de couleurs et blanc de Meudon…) et par les nombreuses étapes successives.

Beaucoup d’abnégation et « d’huile de coude » sont également indispensables : plusieurs couches successives de couleurs plus ou moins épaisses, de ponçages, de lustrages sont nécessaires pour l’obtention du résultat escompté : un aspect lisse et agréable au toucher. Ces divers étapes, maintes fois répétées pour retrouver la trace du décor composée en amont, et entrecoupées de temps de séchage vont révéler brillance, profondeur de l’œuvre !

Ses réalisations requièrent de la patience, une grande habilité manuelle, un goût du bricolage, mais aussi le sens de la débrouille : elle récupère de-ci de-là, un maximum de choses, d’objets, de cailloux… et les transforme au service de sa créativité – écolo avant l’heure d’une certaine façon. Yolande est intarissable sur les techniques de ce savoir-faire, à la fois ancestral depuis les premières utilisations en Chine, 1000 ans avant J-C et moderne par l’émergence au fil des décennies d’un style occidental qui ne cesse d’évoluer (exemple de la période Art Déco).

 La technique de la laque offre un terrain d’expérimentation presque sans limite : métallisation de feuilles d’or, d’argent, de cuivre, d’aventurine ou poudre de métal ; incrustation de matériaux très fins (coquilles d’œuf, nacre) ou très épais (écaille, ivoire) et de décors avec l’inclusion et accumulation de couleurs.

Enfin vous l’avez compris, le travail de la laque nécessite passion et longueur de temps. Alors n’hésitez pas à prendre un peu du vôtre pour visiter au gré de vos humeurs le LACtelier de la « sémillante »  Yolande Michelon ou de plonger votre regard dans une de ces laques au détour d’une exposition. 


(chronique de Pierre Raffanel dans la revue Post'Art 11 - décembre 2023)


   "Rivière nacrée" Céramique de Yolande Michelon ©2023 Photo Pierre Raffanel

"Rivière nacrée" Céramique de Yolande Michelon ©2023 Photo Pierre Raffanel

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